Rappel : ce cours d'algorithmique et de programmation
est enseigné à l'Université Paris 7,
dans la spécialité PISE du Master MECI (ancien DESS AIGES)
par Christophe Darmangeat

Partie 10
Les Fichiers
« On ne peut pas davantage créer des fichiers numériques non copiables que créer de l’eau non humide » - Bruce Schneier
Jusqu’à présent, les informations utilisées dans nos programmes ne pouvaient provenir que de deux sources : soit elles étaient inclues dans l’algorithme lui-même, par le programmeur, soit elles étaient entrées en cours de route par l’utilisateur. Mais évidemment, cela ne suffit pas à combler les besoins réels des informaticiens.
Imaginons que l’on veuille écrire un programme gérant un carnet d’adresses. D’une exécution du programme à l’autre, l’utilisateur doit pouvoir retrouver son carnet à jour, avec les modifications qu’il y a apportées la dernière fois qu’il a exécuté le programme. Les données du carnet d’adresse ne peuvent donc être inclues dans l’algorithme, et encore moins être entrées au clavier à chaque nouvelle exécution !
Les fichiers sont là pour combler ce manque. Ils servent à stocker des informations de manière permanente, entre deux exécutions d’un programme. Car si les variables, qui sont je le rappelle des adresses de mémoire vive, disparaissent à chaque fin d’exécution, les fichiers, eux sont stockés sur des périphériques à mémoire de masse (disquette, disque dur, CD Rom…).
1. Organisation des fichiers
Vous connaissez tous le coup des papous : « chez les papous, il y a les papous papas et les papous pas papas. Chez les papous papas, il y a les papous papas à poux et les papous papas pas à poux, etc. » Eh bien les fichiers, c'est un peu pareil : il y a des catégories, et dans les catégories, des sortes, et dans les sortes des espèces. Essayons donc de débroussailler un peu tout cela...
Un premier grand critère, qui différencie les deux grandes catégories de fichiers, est le suivant : le fichier est-il ou non organisé sous forme de lignes successives ? Si oui, cela signifie vraisemblablement que ce fichier contient le même genre d'information à chaque ligne. Ces lignes sont alors appelées des enregistrements.
Afin d'illuminer ces propos obscurs, prenons le cas classique, celui d'un carnet d'adresses. Le fichier est destiné à mémoriser les coordonnées (ce sont toujours les plus mal chaussées, bien sûr) d'un certain nombre de personnes. Pour chacune, il faudra noter le nom, le prénom, le numéro de téléphone et l'email. Dans ce cas, il peut paraître plus simple de stocker une personne par ligne du fichier (par enregistrement). Dit autrement, quand on prendra une ligne, on sera sûr qu'elle contient les informations concernant une personne, et uniquement cela. Un fichier ainsi codé sous forme d'enregistrements est appelé un fichier texte.
En fait, entre chaque enregistrement, sont stockés les octets correspondants aux caractères CR (code Ascii 13) et LF (code Ascii 10), signifiant un retour au début de la ligne suivante. Le plus souvent, le langage de programmation, dès lors qu'il s'agit d'un fichier texte, gèrera lui-même la lecture et l'écriture de ces deux caractères à chaque fin de ligne : c'est autant de moins dont le programmeur aura à s'occuper. Le programmeur, lui, n'aura qu'à dire à la machine de lire une ligne, ou d'en écrire une.
Ce type de fichier est couramment utilisé dès lors que l'on doit stocker des informations pouvant être assimilées à une base de données.
Le second type de fichier, vous l'aurez deviné, se définit a contrario : il rassemble les fichiers qui ne possèdent pas de structure de lignes (d'enregistrement). Les octets, quels qu'il soient, sont écrits à la queue leu leu.  Ces fichiers sont appelés des fichiers binaires. Naturellement, leur structure différente implique un traitement différent par le programmeur. Tous les  fichiers qui ne codent pas une base de données sont obligatoirement des fichiers binaires : cela concerne par exemple un fichier son, une image, un programme exécutable, etc. . Toutefois, on en dira quelques mots un peu plus loin, il est toujours possible d'opter pour une structure binaire même dans le cas où le fichier représente une base de données.
Autre différence majeure entre fichiers texte et fichiers binaires : dans un fichier texte, toutes les données sont écrites sous forme de... texte (étonnant, non ?). Cela veut dire que les nombres y sont représentés sous forme de suite de chiffres (des chaînes de caractères). Ces nombres doivent donc être convertis en chaînes lors de l'écriture dans le fichier. Inversement, lors de la lecture du fichier, on devra convertir ces chaînes en nombre si l'on veut pouvoir les utiliser dans des calculs. En revanche, dans les fichiers binaires, les données sont écrites à l'image exact de leur codage en mémoire vive, ce qui épargne toutes ces opérations de conversion.
Ceci a comme autre implication qu'un fichier texte est directement lisible, alors qu'un fichier binaire ne l'est pas(sauf bien sîr en écrivant soi-même un programme approprié). Si l'on ouvre un fichier texte via un éditeur de textes, comme le bloc-notes de Windows, on y reconnaîtra toutes les informations (ce sont des caractères, stockés comme tels). La même chose avec un fichier binaire ne nous produit à l'écran qu'un galimatias de scribouillis incompréhensibles.
2. Structure des enregistrements
Savoir que les fichiers peuvent être structurés en enregistrements, c'est bien. Mais savoir comment sont à leur tour structurés ces enregistrements, c'est mieux. Or, là aussi, il y a deux grandes possibilités. Ces deux grandes variantes pour structurer les données au sein d’un fichier texte sont la délimitation et les champs de largeur fixe.
Reprenons le cas du carnet d’adresses, avec dedans le nom, le prénom, le téléphone et l'email. Les données, sur le fichier texte, peuvent être organisées ainsi :
Structure n°1
"Fonfec";"Sophie";0142156487;"fonfec@yahoo.fr"
"Zétofrais";"Mélanie";0456912347;"zétofrais@free.fr"
"Herbien";"Jean-Philippe";0289765194;"vantard@free.fr"
"Hergébel";"Octave";0149875231;"rg@aol.fr"
ou ainsi :
Structure n°2
Fonfec             Sophie           0142156487fonfec@yahoo.fr
Zétofrais          Mélanie          0456912347zétofrais@free.fr
Herbien            Jean-Philippe    0289765194vantard@free.fr
Hergébel           Octave           0149875231rg@aol.fr
La structure n°1 est dite délimitée ; Elle utilise un caractère spécial, appelé caractère de délimitation, qui permet de repérer quand finit un champ et quand commence le suivant. Il va de soi que ce caractère de délimitation doit être strictement interdit à l’intérieur de chaque champ, faute de quoi la structure devient proprement illisible.
La structure n°2, elle, est dite à champs de largeur fixe. Il n’y a pas de caractère de délimitation, mais on sait que les x premiers caractères de chaque ligne stockent le nom, les y suivants le prénom, etc. Cela impose bien entendu de ne pas saisir un renseignement plus long que le champ prévu pour l’accueillir.
  • L’avantage de la structure n°1 est son faible encombrement en place mémoire ; il n’y a aucun espace perdu, et un fichier texte codé de cette manière occupe le minimum de place possible. Mais elle possède en revanche un inconvénient majeur, qui est la lenteur de la lecture. En effet, chaque fois que l’on récupère une ligne dans le fichier, il faut alors parcourir un par un tous les caractères pour repérer chaque occurrence du caractère de séparation avant de pouvoir découper cette ligne en différents champs.
  • La structure n°2, à l’inverse, gaspille de la place mémoire, puisque le fichier est un vrai gruyère plein de trous. Mais d’un autre côté, la récupération des différents champs est très rapide. Lorsqu’on récupère une ligne, il suffit de la découper en différentes chaînes de longueur prédéfinie, et le tour est joué.
A l’époque où la place mémoire coûtait cher, la structure délimitée était souvent privilégiée. Mais depuis bien des années, la quasi-totalité des logiciels – et des programmeurs – optent pour la structure en champs de largeur fixe. Aussi, sauf mention contraire, nous ne travaillerons qu’avec des fichiers bâtis sur cette structure.
Remarque importante : lorsqu'on choisit de coder une base de données sous forme de champs de largeur fixe, on peut alors très bien opter pour un fichier binaire. Les enregistrements y seront certes à la queue leu leu, sans que rien ne nous signale la jointure entre chaque enregistrement. Mais si on sait combien d'octets mesure invariablement chaque champ, on sait du coup combien d'octets mesure chaque enregistrement. Et on peut donc très facilement récupérer les informations : si je sais que dans mon carnet d'adresse, chaque individu occupe mettons 75 octets, alors dans mon fichier binaire, je déduis que l'individu n°1 occupe les octets 1 à 75, l'individu n°2 les octets 76 à 150, l'individu n°3 les octets 151 à 225, etc.
3. Types d’accès
On vient de voir que l’organisation des données au sein des enregistrements du fichier pouvait s’effecteur selon deux grands choix stratégiques. Mais il existe une autre ligne de partage des fichiers : le type d’accès, autrement dit la manière dont la machine va pouvoir aller rechercher les informations contenues dans le fichier.
On distingue :
  • L’accès séquentiel : on ne peut accéder qu’à la donnée suivant celle qu’on vient de lire. On ne peut donc accéder à une information qu'en ayant au préalable examiné celle qui la précède. Dans le cas d'un fichier texte, cela signifie qu'on lit le fichier ligne par ligne (enregistrement par enregistrement).
  • L’accès direct (ou aléatoire) : on peut accéder directement à l’enregistrement de son choix, en précisant le numéro de cet enregistrement. Mais cela veut souvent dire une gestion fastidieuse des déplacements dans le fichier.
  • L’accès indexé : pour simplifier, il combine la rapidité de l'accès direct et la simplicité de l'accès séquentiel (en restant toutefois plus compliqué). Il est particulièrement adapté au traitement des gros fichiers, comme les bases de données importantes.
A la différence de la précédente, cette typologie ne caractérise pas la structure elle-même du fichier. En fait, tout fichier peut être utilisé avec l’un ou l’autre des trois types d’accès. Le choix du type d’accès n’est pas un choix qui concerne le fichier lui-même, mais uniquement la manière dont il va être traité par la machine. C’est donc dans le programme, et seulement dans le programme, que l’on choisit le type d’accès souhaité.
Pour conclure sur tout cela, voici un petit tableau récapitulatif :
 
  Fichiers Texte Fichiers Binaires
On les utilise pour stocker... des bases de données tout, y compris des bases de données.
Ils sont structurés sous forme de... lignes (enregistrements) Ils n'ont pas de structure apparente. Ce sont des octets écrits à la suite les uns des autres.
Les données y sont écrites... exclusivement en tant que caractères comme en mémoire vive
Les enregistrements sont eux-mêmes structurés... au choix, avec un séparateur ou en champs de largeur fixe en champs de largeur fixe, s'il s'agit d'un fichier codant des enregistrements
Lisibilité Le fichier est lisible clairement avec n'importe quel éditeur de texte Le fichier a l'apparence d'une suite d'octets illisibles
Lecture du fichier On ne peut lire le fichier que ligne par ligne On peut lire les octets de son choix (y compris la totalité du fichier d'un coup)
Dans le cadre de ce cours, on se limitera volontairement au type de base : le fichier texte en accès séquentiel. Pour des informations plus complètes sur la gestion des fichiers binaires et des autres types d'accès, il vous faudra... chercher ailleurs.
4. Instructions (fichiers texte en accès séquentiel)
Si l’on veut travailler sur un fichier, la première chose à faire est de l’ouvrir. Cela se fait en attribuant au fichier un numéro de canal. On ne peut ouvrir qu’un seul fichier par canal, mais quel que soit le langage, on dispose toujours de plusieurs canaux, donc pas de soucis.
L’important est que lorsqu’on ouvre un fichier, on stipule ce qu’on va en faire : lire, écrire ou ajouter.
  • Si on ouvre un fichier pour lecture, on pourra uniquement récupérer les informations qu’il contient, sans les modifier en aucune manière.
  • Si on ouvre un fichier pour écriture, on pourra mettre dedans toutes les informations que l’on veut. Mais les informations précédentes, si elles existent, seront intégralement écrasées Et on ne pourra pas accéder aux informations qui existaient précédemment.
  • Si on ouvre un fichier pour ajout, on ne peut ni lire, ni modifier les informations existantes. Mais on pourra, comme vous commencez à vous en douter, ajouter de nouvelles lignes (je rappelle qu'au terme de lignes, on préférera celui d’enregistrements.
Au premier abord, ces limitations peuvent sembler infernales. Au deuxième rabord, elles le sont effectivement. Il n'y a même pas d'instructions qui permettent de supprimer un enregistrement d'un fichier !
Toutefois, avec un peu d’habitude, on se rend compte que malgré tout, même si ce n’est pas toujours marrant, on peut quand même faire tout ce qu’on veut avec ces fichiers séquentiels.
Pour ouvrir un fichier texte, on écrira par exemple :
Ouvrir "Exemple.txt" sur 4 en Lecture
Ici, "Exemple.txt" est le nom du fichier sur le disque dur, 4 est le numéro de canal, et ce fichier a donc été ouvert en lecture. Vous l’aviez sans doute pressenti. Allons plus loin :
Variables Truc, Nom, Prénom, Tel, Mail en Caractères
Début
Ouvrir
"Exemple.txt" sur 4 en Lecture
LireFichier 4, Truc
Nom ← Mid(Truc, 1, 20)
Prénom ← Mid(Truc, 21, 15)
Tel ← Mid(Truc, 36, 10)
Mail ← Mid(Truc, 46, 20)
L’instruction LireFichier récupère donc dans la variable spécifiée l’enregistrement suivant dans le fichier... "suivant", oui, mais par rapport à quoi ? Par rapport au dernier enregistrement lu. C’est en cela que le fichier est dit séquentiel. En l’occurrence, on récupère donc la première ligne, donc, le premier enregistrement du fichier, dans la variable Truc. Ensuite, le fichier étant organisé sous forme de champs de largeur fixe, il suffit de tronçonner cette variable Truc en autant de morceaux qu’il y a de champs dans l’enregistrement, et d’envoyer ces tronçons dans différentes variables. Et le tour est joué.
La suite du raisonnement s’impose avec une logique impitoyable : lire un fichier séquentiel de bout en bout suppose de programmer une boucle. Comme on sait rarement à l’avance combien d’enregistrements comporte le fichier, la combine consiste neuf fois sur dix à utiliser la fonction EOF (acronyme pour End Of File). Cette fonction renvoie la valeur Vrai si on a atteint la fin du fichier (auquel cas une lecture supplémentaire déclencherait une erreur). L’algorithme, ultra classique, en pareil cas est donc :
Variable Truc en Caractère
Début
Ouvrir "Exemple.txt" sur 5 en Lecture
Tantque Non EOF(5)
  LireFichier 5, Truc
  …
FinTantQue
Fermer
5
Fin
Et neuf fois sur dix également, si l’on veut stocker au fur et à mesure en mémoire vive les informations lues dans le fichier, on a recours à un ou plusieurs tableaux. Et comme on ne sait pas d’avance combien il y aurait d’enregistrements dans le fichier, on ne sait pas davantage combien il doit y avoir d’emplacements dans les tableaux. Qu’importe, les programmeurs avertis que vous êtes connaissent la combine des tableaux dynamiques.
En rassemblant l’ensemble des connaissances acquises, nous pouvons donc écrire le prototype du code qui effectue la lecture intégrale d’un fichier séquentiel, tout en recopiant l’ensemble des informations en mémoire vive :
Tableaux Nom[], Prénom[], Tel[], Mail[] en Caractère
Début

Ouvrir "Exemple.txt" sur 5 en Lecture
i ← -1
Tantque Non EOF(5)
  LireFichier 5, Truc
  i ← i + 1
  Redim Nom[i]
  Redim Prénom[i]
  Redim Tel[i]
  Redim Mail[i]
  Nom[i] ← Mid(Truc, 1, 20)
  Prénom[i] ← Mid(Truc, 21, 15)
  Tel[i] ← Mid(Truc, 36, 10)
  Mail[i] ← Mid(Truc, 46, 20)
FinTantQue
Fermer
5
Fin
Ici, on a fait le choix de recopier le fichier dans quatre tableaux distincts. On aurait pu également tout recopier dans un seul tableau : chaque case du tableau aurait alors été occupée par une ligne complète (un enregistrement) du fichier. Cette solution nous aurait fait gagner du temps au départ, mais elle alourdit ensuite le code, puisque chaque fois que l'on a besoin d'une information au sein d'une case du tableau, il faudra aller procéder à une extraction via la fonction MID. Ce qu'on gagne par un bout, on le perd donc par l'autre.
Mais surtout, comme on va le voir bientôt, il y a autre possibilité, bien meilleure, qui cumule les avantages sans avoir aucun des inconvénients.
Néanmoins, ne nous impatientons pas, chaque chose en son temps, et revenons pour le moment à la solution que nous avons employée ci-dessus.
Pour une opération d’écriture, ou d’ajout, il faut d’abord impérativement, sous peine de semer la panique dans la structure du fichier, constituer une chaîne équivalente à la nouvelle ligne du fichier. Cette chaîne doit donc être « calibrée » de la bonne manière, avec les différents champs qui « tombent » aux emplacements corrects. Le moyen le plus simple pour s’épargner de longs traitements est de procéder avec des chaînes correctement dimensionnées dès leur déclaration (la plupart des langages offrent cette possibilité) :
Ouvrir "Exemple.txt" sur 3 en Ajout
Variable Truc en Caractère
Variables Nom*20, Prénom*15, Tel*10, Mail*20 en Caractère
Une telle déclaration assure que quel que soit le contenu de la variable Nom, par exemple, celle-ci comptera toujours 20 caractères. Si son contenu est plus petit, alors un nombre correct d’espaces sera automatiquement ajouté pour combler. Si on tente d’y entrer un contenu trop long, celui-ci sera automatiquement tronqué. Voyons la suite :
Nom ← "Jokers"
Prénom ← "Midnight"
Tel ← "0348946532"
Mail ← "allstars@rockandroll.com"
Truc ← Nom & Prénom & Tel & Mail
EcrireFichier 3, Truc
Et pour finir, une fois qu’on en a terminé avec un fichier, il ne faut pas oublier de fermer ce fichier. On libère ainsi le canal qu’il occupait (et accessoirement, on pourra utiliser ce canal dans la suite du programme pour un autre fichier… ou pour le même).
5. Stratégies de traitement
Il existe globalement deux manières de traiter les fichiers textes :
  • l’une consiste à s’en tenir au fichier proprement dit, c'est-à-dire à modifier directement (ou presque) les informations sur le disque dur. C’est parfois un peu acrobatique, lorsqu’on veut supprimer un élément d’un fichier : on programme alors une boucle avec un test, qui recopie dans un deuxième fichier tous les éléments du premier fichier sauf un ; et il faut ensuite recopier intégralement le deuxième fichier à la place du premier fichier… Ouf.
  • l’autre stratégie consiste, comme on l’a vu, à passer par un ou plusieurs tableaux. En fait, le principe fondamental de cette approche est de commencer, avant toute autre chose, par recopier l’intégralité du fichier de départ en mémoire vive. Ensuite, on ne manipule que cette mémoire vive (concrètement, un ou plusieurs tableaux). Et lorsque le traitement est terminé, on recopie à nouveau dans l'autre sens, depuis la mémoire vive vers le fichier d’origine.
Les avantages de la seconde technique sont nombreux, et 99 fois sur 100, c'est ainsi qu'il faudra procéder :
  • la rapidité : les accès en mémoire vive sont des milliers de fois plus rapides (nanosecondes) que les accès aux mémoires de masse (millisecondes au mieux pour un disque dur). En basculant le fichier du départ dans un tableau, on minimise le nombre ultérieur d'accès disque, tous les traitements étant ensuite effectués en mémoire.
  • la facilité de programmation : bien qu’il faille écrire les instructions de recopie du fichier dans le tableau, pour peu qu’on doive tripoter les informations dans tous les sens, c’est largement plus facile de faire cela avec un tableau qu’avec des fichiers.
Pourquoi, alors, demanderez-vous haletants, ne fait-on pas cela à tous les coups ? Y a-t-il des cas où il vaut mieux en rester aux fichiers et ne pas passer par des tableaux ?
La recopie d’un très gros fichier en mémoire vive exige des ressources qui peuvent atteindre des dimensions considérables. Donc, dans le cas d'immenses fichiers (très rares, cependant), cette recopie en mémoire peut s'avérer problématique.
Toutefois, lorsque le fichier contient des données de type non homogènes (chaînes, numériques, etc.) cela risque d’être coton pour le stocker dans un tableau unique : il va falloir déclarer plusieurs tableaux, dont le maniement au final peut être aussi lourd que celui des fichiers de départ.
A moins... d'utiliser une ruse : créer des types de variables personnalisés, composés d’un « collage » de plusieurs types existants (10 caractères, puis un numérique, puis 15 caractères, etc.). Ce type de variable s'appelle un type structuré. Cette technique, bien qu’elle ne soit pas vraiment difficile, exige tout de même une certaine aisance... Voilà pourquoi on va maintenant en dire quelques mots.
6. Données structurées
6.1 Données structurées simples
Nostalgiques du Lego, cette partie va vous plaire. Comment construire des trucs pas possibles et des machins pas croyables avec juste quelques éléments de base  ? Vous n'allez pas tarder à le savoir...
Jusqu'à présent, voilà comment se présentaient nos possibilités en matière de mémoire vive : nous pouvions réserver un emplacement pour une information d'un certain type. Un tel emplacement s'appelle une variable (quand vous en avez assez de me voir radoter, vous le dites). Nous pouvions aussi réserver une série d'emplacement numérotés pour une série d'informations de même type. Un tel emplacement s'appelle un tableau (même remarque).
Eh bien toujours plus haut, toujours plus fort, voici maintenant que nous pouvons réserver une série d'emplacements pour des données de type différents. Un tel emplacement s'appelle une variable structurée. Son utilité, lorsqu'on traite des fichiers texte (et même, des fichiers en général), saute aux yeux : car on va pouvoir calquer chacune des lignes du fichier en mémoire vive, et considérer que chaque enregistrement sera recopié dans une variable et une seule, qui lui sera adaptée. Ainsi, le problème du "découpage" de chaque enregistrement en différentes variables (le nom, le prénom, le numéro de téléphone, etc.) sera résolu d'avance, puisqu'on aura une structure, un gabarit, en quelque sorte, tout prêt d'avance pour accueillir et prédécouper nos enregistrements.
Attention toutefois ; lorsque nous utilisions des variables de type prédéfini, comme des entiers, des booléens, etc. nous n'avions qu'une seule opération à effectuer : déclarer la variable en utilisant un des types existants. A présent que nous voulons créer un nouveau type de variable (par assemblage de types existants), il va falloir faire deux choses : d'abord, créer le type. Ensuite seulement, déclarer la (les) variable(s) d'après ce type.
Reprenons une fois de plus l'exemple du carnet d'adresses. Je sais, c'est un peu comme mes blagues, ça lasse (là, pour ceux qui s'endorment, je signale qu'il y a un jeu de mots), mais c'est encore le meilleur moyen d'avoir un point de comparaison.
Nous allons donc, avant même la déclaration des variables, créer un type, une structure, calquée sur celle de nos enregistrements, et donc prête à les accueillir :
Structure Bottin
  Nom en Caractère * 20
  Prénom en Caractère * 15
  Tel en Caractère * 10
  Mail en Caractère * 20
Fin Structure
Ici, Bottin est le nom de ma structure. Ce mot jouera par la suite dans mon programme exactement le même rôle que les types prédéfinis comme Numérique, Caractère ou Booléen. Maintenant que la structure est définie, je vais pouvoir, dans la section du programme où s'effectuent les déclarations, créer une ou des variables correspondant à cette structure :
Variable Individu en Bottin
Et si cela me chantait, je pourrais remplir les différentes informations contenues au sein de la variable Individu de la manière suivante :
Individu ← "Joker", "Midnight", "0348946532", "allstars@rock.com"
On peut aussi avoir besoin d'accéder à un seul des champs de la variable structurée. Dans ce cas, on emploie le point :
Individu.Nom ← "Joker"
Individu.Prénom ← "Midnight"
Individu.Tel ← "0348946532"
Individu.Mail ← "allstars@rockandroll.com"
Ainsi, écrire correctement une information dans le fichier est un jeu d'enfant, puisqu'on dispose d'une variable Individu au bon gabarit. Une fois remplis les différents champs de cette variable - ce qu'on vient de faire -, il n'y a plus qu'à envoyer celle-ci directement dans le fichier. Et zou !
EcrireFichier 3, Individu
De la même manière, dans l'autre sens, lorsque j'effectue une opération de lecture dans le fichier Adresses, ma vie en sera considérablement simplifiée : la structure étant faite pour cela, je peux dorénavant me contenter de recopier une ligne du fichier dans une variable de type Bottin, et le tour sera joué. Pour charger l'individu suivant du fichier en mémoire vive, il me suffira donc d'écrire :
LireFichier 5, Individu
Et là, direct, j'ai bien mes quatre renseignements accessibles dans les quatre champs de la variable individu. Tout cela, évidemment, parce que la structure de ma variable Individu correspond parfaitement à la structure des enregistrements de mon fichier. Dans le cas contraire, pour reprendre une expression connue, on ne découpera pas selon les pointillés, et alors, je pense que vous imaginez le carnage...
6.2 Tableaux de données structurées
Et encore plus loin, encore plus vite et encore plus fort. Si à partir des types simples, on peut créer des variables et des tableaux de variables, vous me voyez venir, à partir des types structurés, on peut créer des variables structurées... et des tableaux de variables structurées.
Là, bien que pas si difficile que cela, ça commence à devenir vraiment balèze. Parce que cela veut dire que nous disposons d'une manière de gérer la mémoire vive qui va correspondre exactement à la structure d'un fichier texte (d'une base de données). Comme les structures se correspondent parfaitement, le nombre de manipulations à effectuer, autrement dit de lignes de programme à écrire, va être réduit au minimum. En fait, dans notre tableau structuré, les champs des emplacements du tableau correspondront aux champs du fichier texte, et les indices des emplacements du tableaux correspondront aux différentes lignes du fichier.
Voici, à titre d'illustration, l'algorithme complet de lecture du fichier Adresses et de sa recopie intégrale en mémoire vive, en employant un tableau structuré.
Structure Bottin
Nom en Caractère * 20
Prénom en Caractère * 15
Tel en Caractère * 10
Mail en Caractère * 20
Fin Structure
Tableau Mespotes[] en Bottin
Début

Ouvrir "Exemple.txt" sur 3 en Lecture
i ← -1
Tantque Non EOF(3)
   i ← i + 1
   Redim Mespotes[i]
   LireFichier 3, Mespotes[i]
FinTantQue
Fermer
3
Fin
Une fois que ceci est réglé, on a tout ce qu'il faut ! Si je voulais écrire, à un moment, le mail de l'individu n°13 du fichier (donc le n°12 du tableau) à l'écran, il me suffirait de passer l'ordre :
Ecrire Mespotes[12].Mail
Et voilà le travail. Simplissime, non ?
REMARQUE FINALE SUR LES DONNÉES STRUCTURÉES
Même si le domaine de prédilection des données structurées est la gestion de fichiers, on peut tout à fait y avoir recours dans d'autres contextes, et organiser plus systématiquement les variables d'un programme sous la forme de telles structures.
En programmation dite procédurale, celle que nous étudions ici, ce type de stratégie reste relativement rare. Mais rare ne veut pas dire interdit, ou même inutile.
Et nous aurons l'occasion de voir qu'en programmation objet, ce type d'organisation des données devient fondamental.
Mais ceci est un autre cours...
7. Récapitulatif général
Lorsqu'on est amené à travailler avec des données situées dans un fichier, plusieurs choix, en partie indépendants les uns des autres, doivent être faits :
  • sur l'organisation en enregistrements du fichier (choix entre fichier texte ou fichier binaire)
  • sur le mode d'accès aux enregistrements du fichier (direct ou séquentiel)
  • sur l'organisation des champs au sein des enregistrements (présence de séparateurs ou champs de largeur fixe)
  • sur la méthode de traitement des informations (recopie intégrale préalable du fichier en mémoire vive ou non)
  • sur le type de variables utilisées pour cette recopie en mémoire vive (plusieurs tableaux de type simple, ou un seul tableau de type structuré).
Chacune de ces options présente avantages et inconvénients, et il est impossible de donner une règle de conduite valable en toute circonstance. Il faut connaître ces techniques, et savoir choisir la bonne option selon le problème à traiter.
Voici une série de (pas toujours) petits exercices sur les fichiers texte, que l'on pourra traiter en employant les types structurés (c'est en tout cas le cas dans les corrigés).
Et en conclusion de la conclusion, voilà plusieurs remarques fondamentales :
REMARQUE N°1 
Lorsqu'on veut récupérer des données numériques inscrites dans un fichier texte, il ne faut surtout pas oublier que ces données se présentent forcément sous forme de caractères. La récupération elle-même transmettra donc obligatoirement des données de type alphanumérique ; pour utiliser ces données à des fins ultérieures de calcul, il sera donc nécessaire d'employer une fonction de conversion.
Cette remarque ne s'applique évidemment pas aux fichiers binaires.
REMARQUE N°1bis 
Voilà pourquoi une structure s'appliquant aux fichiers textes est forcément composée uniquement de types caractères. Une structure traitant de fichiers binaires pourrait en revanche être composée de caractères, de numériques et de booléens.
REMARQUE N°2 
Plusieurs langages interdisent l'écriture d'une variable structurée dans un fichier texte, ne l'autorisant que pour un fichier binaire.
Si l'on se trouve dans ce cas, cela signifie qu'on peut certes utiliser une structure, ou un tableau de structures, mais à condition d'écrire sur le fichier champ par champ, ce qui annule une partie du bénéfice de la structure.
Nous avons postulé ici que cette interdiction n'existait pas ; en tenir compte ne changerait pas fondamentalement les algorithmes, mais alourdirait un peu le code pour les lignes traitant de l'écriture dans les fichiers.